Réservée aux seuls piétons, cyclistes et rollers, une « route verte » de 60 km musarde depuis quelques années au milieu des gouleyants vignobles de la Côte chalonnaise et la région de Mâcon. Un travelling rare et verdoyant à travers les plus beaux paysages et patrimoines de la Saône-et-Loire, la Bourgogne du sud.
La région a tous les charmes, on le sait, et ses produits d’origine (vins de la Côte chalonnaise, pouilly-fuissé du Mâconnais, bœuf charolais…), ses sites historiques (La Roche de Solutré, le mont Beuvray), ses villes et ses patrimoines (Cluny, Paray-le-Monial, Chalon, Tournus, Autun) n’ont pas grand-chose à envier a de riches et plus célèbres voisins, la Côte-d’Or entre autres.
Un parcours cycliste au milieu des paysages chalonnais
Quant à l’itinéraire, « vert » et roulant, qui la traverse, il offre, en complément, des perspectives de visite encore rarissimes en France. Aujourd’hui, 60 km de cheminement plat et asphalté utilisant le tracé d’une ancienne voie ferrée, un balisage spécifique, un calme garanti et une sécurisation sans défaut. Les vignes, au nord, sont l’univers de la fameuse Côte chalonnaise… Quatrième des cinq grands vignobles bourguignons, dominé par les mercurey, montagny et autres givry. C’est donc en plein pays du vin, au pied d’opulents coteaux que l’on débute la « scenic road ». Elle égrène les noms célèbres et s’imprégnant progressivement d’une culture viticole à faire saliver les moins sensibles. L’arrivée en gare de Buxy, au terme d’une première étape d’une dizaine de kilomètres, est particulièrement éloquente sur ce point.
À découvrir dans la région de Mâcon
Juste en face de la gare, transformée aujourd’hui en halte cyclable et office de tourisme, la cave coopérative des vignerons de Buxy aligne fièrement ses états de service. Si l’on n’a pas le courage de grimper jusqu’aux majestueux coteaux de Montagny qui dominent la Ville, on ne pourra manquer la visite de la petite cité médiévale, à quelques centaines de mètres seulement de la gare. Une quinzaine de kilomètres plus loin, la voie verte fait entrer à Saint-Gengoux-le-National par la gare, « recyclée » elle aussi. Ce sont ensuite le château et la ville de Cormatin, à une demi-heure de roue libre de là. Avec ses jardins, son labyrinthe, son potager à l’ancienne, sa luxuriante décoration intérieure, le château, chef-d’œuvre du siècle, est à l’évidence l’une des divines surprises de l’itinéraire ! Cluny, à quelques coups de pédale de là, est la halte attendue et méritée de l’original pèlerinage cyclo-touristique…
Le parcours de Mâcon à Cluny à vélo
De Mâcon à Cluny, le second volet du parcours a pour cadre le célèbre « Val lamartinien ». Un cortège de châteaux et de lieux-dits célèbres ménageant partout des points de vue et des échappées propres à enflammer, on l’imagine, les âmes romantiques. Le tronçon cyclo-pédestre de 15 km n’avait jusque-là qu’un seul défaut… Il exigeait l’incontournable franchissement de la ligne de crête du Mâconnais et des quelques côtes mémorables qu’il imposait. Jusqu’en 2003 au moins, où la piste put profiter de la réouverture d’un ancien tunnel ferroviaire. Permettant ainsi, d’assurer définitivement la jonction avec la voie verte de Cluny. Les promoteurs de l’équipement avaient simplement hésité à ouvrir aux cyclistes, aux rollers et aux piétons un ouvrage d’art de plus de 1 700 m de long maintenant en son centre une température n’excédant jamais 11°C.
Sécurisation maximale dans le tunnel
Sécurisé, éclairé et assorti d’évidentes consignes de prudence, l’insolite souterrain ferroviaire, d’ores et déjà attraction du circuit, s’impose depuis comme le plus long tunnel cyclo-pédestre d’Europe… Lamartine lui-même n’aurait pu le rêver. Les promeneurs-randonneurs du troisième millénaire peuvent déboucher directement de sa vallée adorée sur la médiévale silhouette de l’abbaye de Cluny. Toutes les sécurités mise en place ne dispensent pas de prendre ses propres sécurités, comme le casque qui est obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans… Il est également souhaitable de porter un gilet de signalisation, qu’il soit réfléchissant ou éclairant avec des LEDs…
Le roche de Solutré à vélo électrique
Entre Cluny et Mâcon, le pratiquant de la Voie verte peut apercevoir de loin la fameuse Roche de Solutré. Sa forme physique et son moral décideront seuls, alors, s’il est capable ou non de pousser jusque-là ! Il pourra se reposer en voyant les paysages du Mâconnais, vers le col de Grand-Vent.
Le patrimoine historique de la Saône-et-Loire
Incroyablement riche en patrimoine religieux, on y recense près de 253 églises et chapelles romanes, la Saône-et-Loire l’est, tout aussi remarquablement, en lieux de ressourcement spirituel. Si Paray-le-Monial, chef-d’œuvre de l’architecture clunisienne, tout comme le temple bouddhiste de La Boulaye (entre Autun et Digoin) ou encore le monastère orthodoxe d’Uchon sont hors de portée de la voie verte, celle-ci mène tout droit, en revanche, à Cluny et à sa tradition monastique millénaire.
Le fantôme de Lamartine
Et elle fait passer au pied même de la colline inspirée de Taizé, communauté œcuménique où se succèdent par milliers, tout au long de l’année, les jeunes et les moins jeunes venus du monde entier. En quête, sans doute, de ce supplément d’âme que le paysage alentour semble en mesure de prodiguer ad vitam æternam. Plus au sud, le long de la liaison Mâcon/Cluny, s’étend le pays Chéri de Lamartine. Les fidèles du poète-écrivain ne manqueront pas, entre la ville de Mâcon qui l’a vu naître et le château de Saint-Point qui fut sa dernière demeure… Le château de Milly où l’auteur des Méditations passa son enfance… Pas plus que celui de Pierreclos qui lui inspira Jocelyn, ou Monceau-Prissé où il écrivit L’Histoire des Girondins… Ni la puissante forteresse de Berzé-le-Château qui hanta ses derniers poèmes.
Vedette du parcours de la Côte chalonnaise… Le château de Cormatin étend ses jardins et pièces d’eau jusqu’au bord même de la Voie verte.